samedi 7 avril 2012

Que sera, sera

J'étais au centre du monde, mes petits souliers blancs dans les mains, les pieds salis de terre et de gravier. J'attendais le jour, au milieu de la nuit, en espérant que le soleil, lui, allait me demander en mariage pour vrai. Ce matin là, le soleil s'est enfui, derrière de trop gros nuages, de trop lourds nuages, alors que moi, je l'attendais, souliers blancs dans les mains, brindilles dans les cheveux. La lune a été plus belle que moi. J'ai pas pleurer, mais le ciel, lui, n'a pas eu d'orgueil et s'est mit à sangloter sur mon centre du monde. Assise sous un arbre, je regardais au loin comme si j'y croyais encore.

J'aurais eu besoin d'une immense boîte en carton, ou d'une simple avion en papier. Pour aller rejoindre les gitans, aux extrêmes de la vie. J'ai toujours rêvé d'être gitane, avec une grande jupe, de longs cheveux et une voix à en faire danser le désert. Avec un bel amour, la musique au bout des doigts, cigarette à la bouche, sans bagarre, sans hésitations. La lune ? C'est elle qui m'aurait envié. Mais fuck. Oui, même un enfant connaît les mots méchants. Fuck. Fuck you. Fuck that. Mots méchants d'une enfant qui aurait souhaité être gitane. Mon front se penche, c'est un cauchemard, une insomnie enfantine. Non, fuck. Il y a une tempête dans mon désert, une tempête dans le vide. Une tempête tropicale. Le sable m'aveugle, mon coeur bat vite, le bel amour a disparu.

Et j'avale le sable. Et le sable m'avale.
Fuck, non. Je suis au centre du monde. Je n'ai jamais été gitane. Tout est faux. Tout n'est qu'imaginaire. Tout n'est que l'automne au fond de mon ventre. Tout ce qui est vrai dans cette maudite histoire, c'est le regard au loin, qui y croit encore.

Pour une nuit, même les pieds sales, en pleine nature, je n'avais pas l'air d'avoir 8 ans. J'avais l'air d'être, maintenant, dans la minute qui crée les souvenirs et dans la seconde qui rend les rêves plus réels que l'espoir lui-même. J'avais pas l'air d'être. J'ai menti. J'étais. Je suis.

On le répétera jamais assez.
Life is a state of mind.
La vie c'est devant.
Devant, ouais.
Fuck.

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