jeudi 24 février 2011

Entre ciel et Terre

On dit souvent dans la vie que l’on profite de chaque moment, que l’on vit pleinement notre vie. Mais en réalité, tout va tellement trop vite autour de nous qu’on ne peut profiter pleinement de chaque instant. C’est tout simplement surréaliste. Avec les horaires ultra-chargés d’un québécois moyen, on reporte souvent bien des choses. L’amitié est l’une des premières à être mises de côté. Avoir des amis, c’est essentiels dans une vie, mais trouver le temps pour entretenir de belles relations, c’est plus dur. On priorise la famille, le boulot, l’école, les devoirs, tout en négligeant l’amitié. Mais vous savez quoi, on a tous tort de faire cette bêtise en repoussant toujours au lendemain les soupers ou autres sorties avec nos amis. Il vient une époque dans la vie, vers l’âge de l'adolescence, ou l’amitié devient plus importante que l’esprit familial. On se confit à sa «best» et non plus à sa mère. Et plus l’on vieillit, plus les confidences son grande entre amis. Pourtant, c’est les premières personnes que l’on tasse de nos horaires quand le temps nous manque.


L’amitié, le vrai, est le seul amour qui vous suivra toute votre vie. On peut compter sur les doigts d’une seule main les véritables personnes qui seront toujours là pour nous. Un ami, c’est celui qui connaîtra tout de nous. C’est cette personne qui ne jugera pas notre passé, notre présent ni notre avenir. Il sera toujours là, prêt à tendre son oreille pour nous écouter, tendre son épaule pour nous consoler les jours de pluie. Un véritable ami, c’est celui qui nous aimera pour qui nous sommes réellement, sans vouloir nous changer. C’est cette personne qui même si nous n’avons pas le temps de l'appeler pendant 2 mois, sera là, à côté du téléphone à attendre notre appel sans nous reprocher quoique ce soit. Avec la vie qui avance et qui n’arrête jamais, on oublie souvent de dire à ces personnes à quel points elles sont importantes dans nos vies. Un jour, elles quitteront cette Terre et c’est à ce moment là que l’on comprendra à 100% leur présence dans nos vie.


Il y a de cela bientôt 4 ans, une de mes bonnes amies s’éteignait subitement suite à son combat contre la leucémie. À son chevet tous les jours, je l’encourageais et je l’accompagnais dans ce chemin infernale. Huit mois à combattre avec elle son cancer. Huit mois a espérer et prier fort pour que des bonnes nouvelles surviennent. Premier avril 2007, ma vie bascule. Un ange s’ajoute au paradis. Je crois alors que ma vie est finie et que plus rien n’ira pour le mieux. Je suis anéantie, démolie!



‎"Sur ma vie, j'ai jurer, Que jamais le ciel n'allait t'emporter, Sur mon coeur, je t'ai tant bercé, espérant voir les anges s'éloigner. Si la vie t'emporte sur ses ailes, l'éternité, ta vois sera ma lumière à travers l'obscurité, Si tu me crois loin de toi, ne t'en fait pas je suis là, car ni dieu ni le ciel ne peuvent m'empêcher de t'aimer..." -Ma promesse, Étienne Drapeau-



C’est à ce moment que j’ai réalisé qui était mes vrais amis. Une personne en particulier ressortait du lot. Jour, soir, nuit, si j’avais besoin de parlé, je n’avais qu’à l'appeler et elle trouvait toujours les bons mots pour me réconforter. Ça m’a prit du temps me remettre de cette dure épreuve, (Je me questionne encore à savoir si je m’en suis remis complètement), mais les mois ont passés et j’avais le support de mes proches.


Un an, deux mois et quatorze jours plus tard, ma vie s’arrête à nouveau brusquement. Quatorze juin 2008, je rentre de ma formation d’entraîneur de plongeon et ma mère m’annonce qu’elle a reçue un téléphone me disant que ma meilleure amie venait de succomber aux blessures qu’elle avait eu quatre jours auparavant, alors qu’elle s’était fait happé par un automobiliste. À ce moment-là, ma vie à frapper un mur! Quand on parle de l’expression «avoir pleurer toutes les larmes de son corps», ce fut le cas. La peine était tellement immense que plus rien ne pouvait sortir. J’avais épuisé mes ressources d’eau. À ce moment-là, je n’avais plus envie de rien. Mes rêves, mes passions, tout venait de sacrer son camp. Je n’avais qu’une envie, c’était d’aller au paradis la rejoindre, mais je ne l’ai pas fait. Je ne pouvais pas faire cela à mes proches ainsi qu’à mes amis déjà en deuil d’un rayon de soleil. J’ai retroussé mes manches et j’ai regardée vers l’avant. C’était un brouillard total. Je ne savais plus vers où aller, vers qui me tourner! Je venais de perdre mon guide. Telle une vraie guerrière, j’ai mis un masque à mon visage pour ne pas montrer à l’adversaire que j’avais mal et j’ai foncé dans ce brouillard épais. Cela a pris quelques temps, mais j’ai fini par retrouver mon chemin. La lumière de mes deux anges a fini par apaiser cette nuit de brouillard interminable.


Encore aujourd’hui, je porte ce masque à mon visage. Mais il y a des jours comme aujourd’hui, où le tout pèse trop lourd sur mes épaules. Il vient un temps où il ne faut pas avoir peur d’assumer ses émotions et de sortir la peine enfouit en soi. N’étant pas une fille extériorisant ses sentiments avec facilité, ça me prend du courage pour écrire cet article. Ces départs laissent des traces marquantes à l’intérieur de soi et malgré tout ce temps, la blessure ne cicatrice pas (et je ne crois pas qu’elle cicatrisera un jour). Je m'imagine dans un cauchemar, que le tout n'est que de la fiction. Je crains cette journée où je me réveillerai et réaliserai que tout est belle et bien fini. Je repousse cette journée à chaque jour, par peur d'affronter la vie seule. Y'a ces matins où j'espère encore avoir un appel d'eux ou un message sur Facebook. Je n'ose toujours pas voir la réalité tel qu'elle est réellement. Ça ferait trop mal! Inconsciemment, je sais qu'elles ne reviendront jamais, mais malgré tout, j'espère toujours, et ce, à chaque jour depuis bientôt quatre ans. Tous ses beaux moments passés ne peuvent devenir poussière en si peu de temps. C'est la phrase qui me revient toujours. J'ai peur qu'en affrontant la réalité, j'en vienne à les oublier avec le temps qui avance si vite. Je préfère porter le masque et tout le poids qui vient avec.


Vous savez, lorsque l’on perd des êtres aussi proche, qui connaissent tout de nous, et ce, dans les moindres détails, il est facile de perdre confiance en la vie. On n’oses plus s’attacher d’une grande amitié avec quiconque de peur de frapper un mur à nouveau. Et pourtant, même si l’on sait que la mort fait partie du cycle de la vie, on ne s’y habitue jamais. On pense qu’on finira nos jours, vieux, dans une résidence pour personnes âgées, à jouer au bingo, mais en réalité, on pourrait tous mourir dans cinq minutes en sortant de chez soi.


Cet article, si je l’écris, ce n’est pas pour que les gens aient pitié de moi, au contraire, j’aurais sauté la partie émotionnelle sans aucun doute. Si cet article est écrit, c’est pour vous faire comprendre que l’amitié, c’est très important dans une vie. D’arrêter de toujours reporter tout au lendemain en ce disant que si c’est un vrai ami, il sera encore et toujours-là. N’attendez pas de frapper un mur pour réalisé l’importance de certaines personnes dans votre vie. Il sera trop tard à ce moment là. Il y a tant de choses que je voudrais dire à mes anges gardiens, mais elles n’y sont plus (physiquement!). Si je pouvais retourner dans le passé, il y a une chose que je ferais différemment. Je prendrais le temps de leur dire que je les aime et qu’elles ont une importance capitale dans ma vie.


Leurs départs ma rendue plus forte, il faut que je l’avoue. Ça m’a fait prendre conscience de bien des choses dans la vie qu’une adolescente de quinze ans ne devrait pas avoir à penser. Je suis fière de la personne que je suis devenue et je ne regrette pas d’avoir pris ma vie en main, plutôt que d'avoir tout abandonner face à ce mur que je croyais infranchissable. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai des anges au ciel qui veille sur moi. L’amitié, c’est pour la vie. Et elles seront toujours avec moi, qu’importe l’endroit où je serai sur cette Terre. Et j’ose croire que lorsque mon tour sera venue, je les retrouverai dans l’au-delà.



«On s’retrouvera un jour, une heure» -Toé c'est moé, Marie-Chantal Toupin-